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Aujourd’hui: « R.A.S » de Yvaes Boisset (France, 1973)
« Ce rassemblement est dégueulasse, je n’ai pas à le saluer »

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Général Frederick ‘Boy » Browning, responsable du désastre d’Arnhem, du fameux « Pont trop loin »?

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Aujourd’hui: La seconde guerre mondiale, de l’héroisme à la défaite
« Un pont trop loin » de Richard Attenborough (A bridge too far, Royaume uni/Etats unis, 1977)
Relation de l’opération Market garden, offensive alliée dirigée vers la Hollande afin de hâter le cours de la guerre.
Avant de passer à la chronique proprement dite, il convient de dire un mot du sujet dont traite le film, à savoir l’opération Market garden. Cette offensive combinant les parachutistes et les blindés en vue d’une invasion des Pays-bas fut probablement le pire échec allié sur le front de l’ouest. Market garden demeure encore aujourd’hui sujet de controverses chez les historiens militaires. Mais quel est donc l’objet de cette querelle d’experts? (De nos jours, il n’y a plus d’intellectuels, seulement des experts) Le fameux « Pont trop loin » du titre, autrement dit le lieu de parachutage trop éloigné de l’objectif des alliés à l’origine de la défaite.
Ce point étant éclairci, passons au vif du sujet: le film. Sorti en 1977, « Un pont trop loin » réalisé par Richard Attenborough s’inspire d’un fait historique tel qu’il a été rapporté par Cornelius Ryan dans son livre éponyme. Ce détail n’est pas anodin, Ryan étant déjà l’auteur du « Jour le plus long » dont l’adaptation sortit quinze ans avant le film d’Attenborough. Quinze ans…Le temps d’enquiller les épopées sur grand écran ratissant le moindre fait d’armes. Quinze ans, une durée de vie maximale pour un genre ce qui fait de « Un pont trop loin » la fin d’un cycle. Avec ce que cela implique. Généralement, il s’agit d’une baisse de la qualité, d’essoufflement, voire de parodie plus ou moins volontaire. Ou d’un changement de ton. C’est ce qui apparaît dans « Un pont… » qui s’éloigne clairement du triomphalisme de nombre de ses prédécesseurs, et pour cause, il traite d’une défaite.

Quinze ans, donc entre « Le jour le plus long » et « Un pont trop loin » et quantité d’événements qui ont changé le monde et que le cinéma a reflété de manière directe ou non. Et ce qu’ils soient contemporains ou en costume. Comme c’est le cas de celui dont il est question ici. Mais en quoi « Un pont trop loin » reflète-t-il autre chose qu’un fait historique? D’abord, il convient de rappeler cette vérité première: les films historiques ou en costume parlent surtout du présent en portant un regard contemporain sur le passé. Il suffit pour s’en rendre compte de regarder l’évolution du western depuis son âge classique jusqu’à la période remise en question quant au sujet des guerres indiennes notamment. Dans le film qui nous occupe, l’accent mis sur la défaite et la souffrance des soldats renvoie – peut-être involontairement- à la dépréciation du métier de soldat en vogue suite à Mai 68. Bien entendu, on a pas là affaire à un film militant, loin s’en faut, et le point de vue que j’exprime dans ce billet est des plus neutre.
Quoiqu’il en soit, par son pessimisme « Un pont trop loin » clôture un cycle démarré dans l’allégresse post-victoire pour passer ensuite par des détours parfois humoristiques. Il serait cependant erroné de le voir comme la fin d’un genre. Plutôt celle d’une certaine vision et partant d’une manière de concevoir le film de guerre. Beaucoup plus tard, Steven Spielberg avec « Il faut sauver le soldat Ryan » ou Terence Malick et sa « Ligne rouge » reprendront le flambeau non sans cligner de l’oeil avec l’humanisme teinté de noirceur du film de Attenborough.

Avant de conclure, on remarquera évidemment la présence de Sean Connery qui,quinze ans après « Le jour le plus long » ou il jouait un simple soldat, enfile de nouveau l’uniforme mais cette fois avec le grade de général. C’est ce qui s’appelle prendre du galon. Et lui aussi clôture le cycle. Signalons enfin pour l’anecdote que Robert Redford dans son bref rôle de pontonnier exigea un cachet exorbitant, quitte à gêner le tournage!
A bientôt!


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Célébrons aujourd’hui Saint Irénée!

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Aujourd’hui: « De l’or pour les braves » de Brian G.Hutton (Kelly’s heroes, Etats-unis, 1970)
La seconde guerre mondiale de l’héroisme à la défaite, deuxième partie.
Un groupe de soldats américains décident de s’emparer d’un stock d’or allemand. Pour son propre compte.
Deux ans séparent « De l’or pour les braves » de « Quand les aigles attaquent ». Mais pas seulement. Certes, il y a Clint Eastwood devant la caméra, et Brian G.Hutton derrière. Certes, il y a les champs de batailles de la seconde guerre mondiale et des scènes d’action spectaculaires. Mais les ressemblances s’arrêtent là.
Les deux films diffèrent en effet de par leur registre. Là ou « Quand les aigles… » étaient sérieux, « De l’or… » verse ouvertement dans la comédie et, mieux, dans l’anachronisme via « Oddball » le personnage incarné par Donald Sutherland, hippie déplacé volontairement dans cet univers (Tout l’univers?) comme la chanson du générique de fin: « Burning bridges » de la Mike Curb congregation, hymne folk baba cool en diable. Des détails? Oui, mais qui ont leur importance tant ils s’accordent avec le cynisme rigolard de la chose empreint de l’esprit contestataire particulièrement virulent en ce début de décennie 70. Il est vrai que cette même année, l’armée, le bellicisme et plus généralement l’autorité en prennent pour leur grade. Il est vrai que 1970 est sans doute le moment ou l’opposition à la guerre du Vietnam fut la plus virulente, entraînant une répression qui ne l’était pas moins . Des étudiants manifestant contre le conflit asiatique mené par les Etats-unis furent malmenés voire parfois abattus par les forces de l’ordre (Qu’ils provoquaient dans certains cas) La chanson se fit l’écho de ces événements ou tout au moins de ce contexte (« Ohio » de Neil Young) ainsi que le cinéma. Forcément. « Abattoir 5 » de George Roy Hill, « Catch 22″ de Mike Nichols, » et surtout l’ode aux amputés de Dalton Trumbo « Johnny s’en va-t-en guerre ». On pourrait ajouter fort à propos, et ce bien qu’il soit sorti plus tard « F.T.A » (Acronyme de Fuck the army) documentaire d’une certaine Francine Parker ou Donald Sutherland – encore lui!- apparaissait aux côtés de la pitre gauchiste Jane Fonda (Franchement, faire la kéké avec le Vietcong, est-ce bien raisonnable?)
« De l’or pour les braves » demeure néanmoins modéré dans sa charge, la note la plus acide étant réservée à un général américain qui prend la cupidité de Clint Eastwood et sa joyeuse bande pour de la bravoure. Et puisqu’il est question de cupidité, les militaires – bien que courageux- n’en sont pas moins préoccupés par toutes sortes de trafics organisés par le personnage joué par Don Rickles. On peut ajouter celui du tankiste allemand avec lequel les héros de Kelly (Histoire de traduire le tire original littéralement) décide de partager leur butin. Faites du fric pas la guerre, semble donc être la devise de cette escouade. Dans ce mélange de film de guerre et de caper – ou film de casse, mais l’expression passant mal en français, je me permet cet anglicisme- il est intéressant de voir que contrairement à nombre d’histoires de ce genre- la rapine est un succès. Les voleurs ne sont pas punis, ils sont au contraire félicités. Mais il ne s’agit pas ici d’amoralité. Plutôt de contestation, douce, mais de contestation quand même. Bien dans l’air du temps, comme le prouvent les autres métrages contemporains de celui de Hutton. Par ailleurs, ce dernier ne marque pas de tournant pour le genre dont le déclin reste à venir. Et il émanera d’un projet on ne peut plus sérieux….
A suivre…









