Aujourd’hui! « A coups de crosse » de Vicente Aranda (Fanny Pelopaja, Espagne/France, 1984)
Ancienne prostituée, Fanny décide de se venger de Andrès, un policier corrompu et pervers qui l’a violentée et a tué son amant.
« A coups de crosse », polar sordide et violent au titre pour le moins percutant reçut de bonnes critiques à sa sortie en 1984 sans pur autant trouver de public conséquent. Néanmoins, il se rattrapa grâce à la vidéo, gagnant sinon un statut de film culte, au moins une certaine estime. Mais qu’en est-il du film proprement dit?
Il est dans l’esprit de son réalisateur Vicente Aranda en cela qu’il met en scène un personnage en butte à une autorité oppressive tout comme l’était la jeune mariée face à un mari brutal de « La fiancée sanglante » (Adaptation pirate et déjantée de la « Carmilla » de Sheridan le Fanu) ou le gitan persécuté par la police franquiste de « El Lute » (Récit vrai d’une cavale à la fin de l’ère Franco). Toutefois, « A coups de crosse » se distingue de ces deux oeuvres en cela que la prostituée vengeresse ne vaut peut-être guère mieux que son bourreau. Si la vengeance de Fanny est certes légitime, elle amène celle-ci à déborder, n’hésitant pas à torturer à l’occasion. A ce titre, cette histoire de vengeance est aussi le portrait de deux âmes torturées vouées à nuire et à se nuire. Il faut voir et surtout entendre Bruno Crémer – impressionnant dans son rôle de brute psychopathe- déclarer la volonté qu’il a toujours eu de se faire des ennemis. Et Fanny Cottençon ( Habituée aux comédies légères, elle change de registre avec brio) enfoncer une arme dans son intimité (Scène uniquement disponible dans la version espagnole)
On le voit, ici, on nage non pas en eaux troubles mais dans le mazout un jour de marée noire. Aranda sait explorer les zones les plus sombres de l’âme humaine même s’il commet parfois des maladresses et manque parfois de rythme (Un défaut récurrent chez lui). Néanmoins, le réalisateur va au bout de son sujet. C’est indiscutable. Pour l’anecdote, le film s’inspire d’un roman de Andreu Martin « Prothèse » et prend la liberté de changer la nature de la relation qui d’homosexuelle dans le livre devient hétérosexuelle dans le film. C’était à la demande de Aranda qui n’était pas à l’aise avec les amours entre hommes et parlait en connaissance de cause, ayant déjà traité le sujet dans « Je veux être femme » « 1977 » Enfin, Victoria Abril était envisagée pour le personnage de Fanny. Bien que l’actrice fut une régulière de Aranda, ce fut finalement Cottençon qui l’emporta, coproduction franco-espagnole oblige.
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