Alexandre Léger auteur rétro

Réflexions

C’est entendu, la peine de mort n’existe plus. Le rasoir national, l’Abbaye de monte à regrets, la Veuve, peu importe le nom donné à la lame qui trancha des cous qui le méritaient parfois, bref la guillotine ne fonctionnera plus jamais, demeurant pour toujours remisée au magasin des accessoires du passé. Bien que sa disparition fasse l’objet d’un large consensus dans la classe politique, son souvenir continue à susciter la gêne. En particulier quand un crime abominable est commis. C’est là que les bonnes âmes, même les mieux trempées, se demandent avec affolement: « Mais que faire? »

En pareil cas, il se trouve toujours quelqu’un qui a réponse à tout et surtout aux problèmes épineux. Et la réponse en l’occurrence est: « Mais la perpétuité réelle, voyons! » On se sent en effet tout bête de na pas y avoir pensé soi-même. Cependant quelque chose cloche. Car cette réponse, si brillante soit-elle appelle une autre question: « Pourquoi « réelle »? Il y en a une fausse? » Avec la récente libération de Georges Ibrahim Abdallah, on serait tenté de le croire. Voila un homme coupable de plusieurs crimes qui vient de quitter la prison qu’il n’aurait jamais du quitter. Soit, il a passé près de quarante ans à l’ombre, il est âgé et – en principe- hors d’état de nuire. Mouais.

Le bonhomme depuis qu’il peut prendre l’air ne déparle pas et souhaite de manière à peine voilée la destruction d’Israel. Et ce ne sont pas que des mots. Ou plutôt, ces mots dans le présent contexte tombent mal. Pour le moins. Et montrent que le temps passé derrière les murs n’a pas érodé la capacité de nuisance du sieur Abdallah.

Je n’ai pas oublié le temps ou le portrait d’Abdallah s’étalait sur les murs des commissariats et des préfectures. J’ai oublié en revanche quel fut l’énoncé du verdict le concernant. N’importe comment, il aurait fallu appliquer cette fameuse perpétuité dite réelle à Abdallah. Cette perpétuité dont l’existence paraît douteuse. Et qui donne à regretter la disparition de la peine capitale, la seule qui aurait convenu à Abdallah. Ainsi qu’à ceux de son espèce.

Mais il ne faut pas rêver. Surtout pas dans un pays qui a déjà du mal à expulser les indésirables…


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