Aujourd’hui: « Un amour de Swann » de Volker Schondorff » (France/RFA, 1984)
Les amours déçues d’un grand bourgeois et d’une demi-mondaine à la Belle-époque.
1984 aurait-elle été l’année des adaptations ratées? ‘Dune » que tous les amateurs de science-fiction attendaient s’avéra une débandade filmée, « Un amour de Swann » qui osait s’attaquer à Proust ne fut guère meilleure. Pourquoi rapprocher des univers à priori aussi différents que possible? Parce que les versions au cinéma de ces deux mastodontes se firent dans la douleur. Le pavé ésotérique de Frank Herbert fit l’objet de plusieurs tentatives dont la plus connue demeure celle de l’escroc argentin Alexandro Jodorowsky, il en alla de même pour les soporifiques aventures mondaines étalées à longueur de pages de l’ami Marcel. Visconti puis Joseph Losey s’y frottèrent avant de renoncer. Finalement, ce fut Volker Schondorff qui s’y colla, tout auréolé de la gloire du « Tambour » qu’il était en ce début d’années 80. Réalisateur lourdingue mais prudent, Schondorff se concentra sur une petite partie du premier des sept tomes de la saga Proustienne.
Pour quel résultat? Un roman-photo pas trop mal éclairé ou les acteurs font figure de mannequins de cire, exception faite de Delon qui est habité en Baron de Charlus, loin du cabotinage de John Malkovich. Soit l’acteur russo-américain s’était infligé la lecture du pensum mais comme le dirait plus tard Alain Delon: « On tourne un scénario, pas un livre! » Jean Pierre Coffe fait coucou devant la caméra avant sa période « Je défend le jambon de porc! » et Jean François Balmer apparaît en docteur Cottard, se préparant à resurgir dans l’univers Proustien vu cette fois par Raoul Ruiz.
Vous l’aurez compris, je ne suis guère amateur de Proust qui, s’il avait des fulgurances avait une graphomanie excessive que Louis Ferdinand Céline en personne souligna dans son célèbre mot « Proust explique un peu trop à mon goût, soixante pages pour nous dire que Tuture encule Tatave, c’est trop!’ Par ailleurs, le monde de Proust ne se prêtait pas facilement à une adaptation. Les glorieux metteurs en scène cités plus haut le comprirent, préférant abandonner.
Sur ce, je vous laisse!



