Aujourd’hui « La nuit des généraux »de Anatole Litvak (Night of the generals, Royaume uni/France, 1966)
une prostituée est retrouvée morte assassinée à Varsovie, peu avant la liquidation du ghetto. Le major de la police de la Wehrmacht Grau est dépêché sur les lieux puis apprend par un témoin qu’un homme en uniforme de général allemand aurait été vu en compagnie de la victime. Au cours de son enquête, Grau en vient à soupçonner plusieurs officiers sans alibi, dont le très controversé général Tanz, connu pour ses comportements maniaques. Quelques temps plus tard, au moment du débarquement, Grau retrouve à Paris Tanz qu’il soupçonne toujours et se lie avec un policier français membre de la Résistance, Morand.
Avec sa distribution et son équipe cosmopolites « La nuit des généraux » appartient à première vue à la série de films de guerre initiée par « Le jour le plus long ». En réalité, il se distingue du film de Zanuck et de ses suiveurs en cela qu’il est un croisement entre l’intrigue policière et le film historique (Le terme de film de guerre serait ici abusif, les combats y étant peu nombreux) Et ça ne s’arrête pas là. Le film de Litvak brasse en effet beaucoup plus large, mélangeant étude de caractères, étude sociale (Analyse du milieu militaire) et et se permettant même un bref détour par l’histoire d’amour. Le récit emprunte par conséquent quantité de voies différentes, sans jamais se perdre. Ce n’est pas une prouesse médiocre tant un tel parti-pris va à l’encontre des règles élémentaires de la dramaturgie.
Une réussite donc, qui n’exclue pas la profondeur via le portrait du sinistre général Tanz, doublement assassin car il liquide à grande échelle sur ordre de son gouvernement d’une part, et d’autre part assassine des malheureuses dont le sort n’intéresse personne sinon le major Grau. Rarement aura été dépeinte de façon aussi précise la folie d’un homme comme le prouve la scène ou Tanz manque s’évanouir devant « L’homme à l’oreille coupée » de Van Gogh lors de sa visite au musée. Peter O’Toole se montre remarquable dans le rôle de ce personnage monstrueux tout en lui apportant assez d’humanité afin de le rendre crédible.
Le script a de surcroît l’idée judicieuse de situer le gros de l’action entre deux dates marquantes de la seconde guerre mondiale, la liquidation du ghetto de Varsovie et le débarquement allié en Normandie, autrement dit le pic de l’horreur nazie et le début de la fin pour le régime Hitlérien. Un parallèle s’établit alors entre le parcours de Tanz et celui du pouvoir qu’il sert.
Outre ses qualités d’écriture « La nuit des généraux » bénéficie d’excellents acteurs: Peter O’Toole, bien sûr, mais aussi Omar Sharif en policier militaire épris de justice, Philippe Noiret qui impose peu à peu son personnage d’élégant compassé, Tom Courtenay, échappé du « Free cinema » insulaire qui campe ici un soldat dégoûté des combats et pianiste émérite, qualifié par ailleurs et « d’athlète sexuel » par Noiret, Gordon Jackson, Donald Pleasance et Charles Gray en généraux allemands (Amusant d’ailleurs que dans ce film dont les allemands pourtant protagonistes du récit soient pour la plupart joués par des britanniques) On notera dans des petits rôles Juliette Gréco, Jacques Seiller et Pierre Tornade.
Pour finir, les amateurs d’histoire y trouveront leur compte grâce aux détails peu nombreux mais pertinents tel le passage de Tanz de la Wehrmacht à la Waffen SS ( Ce genre de transfert s’est effectivement produit à la fin de la guerre) et une référence à la division Niebelugen, dernière unité combattante de l’Ordre noir.







