Alexandre Léger auteur rétro

Tout l’univers-Cinéma, édition spéciale

Aujourd’hui: « De l’or pour les braves » de Brian G.Hutton (Kelly’s heroes, Etats-unis, 1970)

La seconde guerre mondiale de l’héroisme à la défaite, deuxième partie.

Un groupe de soldats américains décident de s’emparer d’un stock d’or allemand. Pour son propre compte.

Deux ans séparent « De l’or pour les braves » de « Quand les aigles attaquent ». Mais pas seulement. Certes, il y a Clint Eastwood devant la caméra, et Brian G.Hutton derrière. Certes, il y a les champs de batailles de la seconde guerre mondiale et des scènes d’action spectaculaires. Mais les ressemblances s’arrêtent là.

Les deux films diffèrent en effet de par leur registre. Là ou « Quand les aigles… » étaient sérieux, « De l’or… » verse ouvertement dans la comédie et, mieux, dans l’anachronisme via « Oddball » le personnage incarné par Donald Sutherland, hippie déplacé volontairement dans cet univers (Tout l’univers?) comme la chanson du générique de fin: « Burning bridges » de la Mike Curb congregation, hymne folk baba cool en diable. Des détails? Oui, mais qui ont leur importance tant ils s’accordent avec le cynisme rigolard de la chose empreint de l’esprit contestataire particulièrement virulent en ce début de décennie 70. Il est vrai que cette même année, l’armée, le bellicisme et plus généralement l’autorité en prennent pour leur grade. Il est vrai que 1970 est sans doute le moment ou l’opposition à la guerre du Vietnam fut la plus virulente, entraînant une répression qui ne l’était pas moins . Des étudiants manifestant contre le conflit asiatique mené par les Etats-unis furent malmenés voire parfois abattus par les forces de l’ordre (Qu’ils provoquaient dans certains cas) La chanson se fit l’écho de ces événements ou tout au moins de ce contexte (« Ohio » de Neil Young) ainsi que le cinéma. Forcément. « Abattoir 5 » de George Roy Hill, « Catch 22″ de Mike Nichols,  » et surtout l’ode aux amputés de Dalton Trumbo « Johnny s’en va-t-en guerre ». On pourrait ajouter fort à propos, et ce bien qu’il soit sorti plus tard « F.T.A » (Acronyme de Fuck the army) documentaire d’une certaine Francine Parker ou Donald Sutherland – encore lui!- apparaissait aux côtés de la pitre gauchiste Jane Fonda (Franchement, faire la kéké avec le Vietcong, est-ce bien raisonnable?)

« De l’or pour les braves » demeure néanmoins modéré dans sa charge, la note la plus acide étant réservée à un général américain qui prend la cupidité de Clint Eastwood et sa joyeuse bande pour de la bravoure. Et puisqu’il est question de cupidité, les militaires – bien que courageux- n’en sont pas moins préoccupés par toutes sortes de trafics organisés par le personnage joué par Don Rickles. On peut ajouter celui du tankiste allemand avec lequel les héros de Kelly (Histoire de traduire le tire original littéralement) décide de partager leur butin. Faites du fric pas la guerre, semble donc être la devise de cette escouade. Dans ce mélange de film de guerre et de caper – ou film de casse, mais l’expression passant mal en français, je me permet cet anglicisme- il est intéressant de voir que contrairement à nombre d’histoires de ce genre- la rapine est un succès. Les voleurs ne sont pas punis, ils sont au contraire félicités. Mais il ne s’agit pas ici d’amoralité. Plutôt de contestation, douce, mais de contestation quand même. Bien dans l’air du temps, comme le prouvent les autres métrages contemporains de celui de Hutton. Par ailleurs, ce dernier ne marque pas de tournant pour le genre dont le déclin reste à venir. Et il émanera d’un projet on ne peut plus sérieux….

A suivre…


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