Aujourd’hui: Bad cow boys
Le cowboy, symbole de l’Amérique, image de la conquête de l’ouest, du courage, de la virilité et du bien. Souvent. Pas toujours. Quiconque y a joué enfant avait un ennemi, un mauvais cowboy. Et la force qu’incarne un symbole peut être utilisée à bon ou à mauvais escient. A côté de l’aventurier intrépide ou du chevalier des plaines, il y a le hors la loi, le chasseur de scalps, le « saddle tramp » ou le clochard de selle. Autant de figures qui forment un sous-peuple menaçant et méprisable.
Mais le cowboy n’a pas cessé d’exister avec l’ouest mythique. Il a survécu et s’il n’a pas renoncé au cheval, il alterne avec le pick up ou la grosse Cadillac à calandre agressive. Ou le camion. Comme celui conduit par Burt Reynolds, contrebandier sympathique de « Cours après moi Shérif ». Mais, à encore certaines choses demeurent. Les vilains, par exemple. Le shérif jovial apprécié de tous qui cache un psychopathe meurtrier. C’est le portrait de Lou Ford, le policier décrit par Jim Thompson dans « Le démon dans ma peau »(Plus tard retitré « L’assassin qui est en moi ») . Le livre connut deux vies cinématographiques. L’une avec Stacy Keach qui jouait Ford dans « Ordure de flic » de Burt Kennedy (The killer inside me, Etats-unis, 1976) l’autre avec Casey Affleck dans… »The killer inside me » de Michael Winterbottom (Etats-unis, 2010) N’aynat vu aucun de ces films, je m’abstiendrais de tout commentaire. Néanmoins, il est permis de regretter que personne n’ai pensé à l’acteur qui aurait sans doute mieux que personne incarné le flic crée par Thompson: Charles Napier. Révélé par Russ Meyer dans « Harry Cherry and Raquel » (Voir photo ci-dessous) Napier y interprétait un shérif douteux, tueur à gages à ses heures pour un gros bonnet local. Pas un psychopathe mais il n’aurait pas déparé dans un roman de Thompson, étant un authentique fils du sud (Il naquit dans le Kentucky) avec accent intégré qui commença dans le Basket, continua dans les paras avant de se tourner vers la comédie. Sa mâchoire carrée et sa capacité à passer de la chaleur à l’agressivité en faisait un comédien hors-pair. Il apparut souvent à la télévision et grâce à…Alfred Hitchcock! Si ce dernier ne le fit jamais tourner pour lui, il favorisa ses engagements dans de nombreuses séries. Charles Napier joua enfin un psychopathe dans un autre opus de Russ Meyer « Supervixens » Il eut une carrière fournie et éclectique qui mériterait un article à elle seule et qui nous écarterait du sujet. Signalons quand même sa régularité chez Jonathan Demme (« Le silence des agneaux », notamment) son personnage de salopard bureaucrate dans « Rambo II » et un projet jamais réalisé et français qui plus est « Le troisième oeil » de Arnaud Sélignac ou Charles Napier aurait du faire face à Annie Girardot! Nom d’un petit bonhomme, cela aurait eu sacrément de la gueule!



Poursuivons. D’autres acteurs plus grand public se glissèrent dans les bottes de ces mauvais génies de l’ouest. Gene Hackman campa ainsi Mary Ann (!) le proxénète rural de « Carnage » de Michael Ritchie(Prime cut, Etats-unis, 1972). Notre homme en l’occurrence ne manque pas d’idée puisqu’il élève des mineurs en vue de les prostituer come du bétail, les présentant nues dans le foin! Mais attention, il ne faut pas s’emballer non plus. Cette histoire d’affrontement entre un collecteur de dettes de la Mafia (Lee Marvin) et le proxo susmentionné a beau être riche en bonnes idées, le manque de rythme et d’humour plombe le récit. Dommage. Reste la performance de Hackman.



Déjà évoqué ici, mais il a toute sa place dans cet article. Sally, tueur à gages de la Mafia dont l’air nonchalant dissimule un caractère cruel et implacable dans « Tuez Charley Varrick » de Don Siegel (Charley Vaeeick, Etats-unis, 1973) Joe Don Baker qui lui prêtait ses traits aurait. Lui aussi fait un excellent Lou Ford.

Pour finir, le shérif Pat Webb, Némésis de Sam Rothstein (Robert de Niro) dans « Casino » de Martin Scorsese (Etats-unis, 1995) Faussement intègre mais vraiment impitoyable, il ne s’en prend à l’associé de la pègre qu’est Rothstein (Et qu’il déteste par ailleurs) que parce que ce dernier désobéit aux règles locales. Une figure marquante en dépit de son temps de présence limité à l’écran. Il est d’ailleurs intéressant de noter que lors de la scène face à De Niro, Scorsese laissa L.Q Jones improviser son texte, estimant qu’il connaissait mieux que lui les moeurs du sud-ouest des USA. A la vue de sa prestation, le réalisateur en aurait agité les bras de joie!

