Alexandre Léger auteur rétro

Tout l’univers- Le cinéma français- Edition spéciale.

Aujourd’hui: Les derniers feux de l’héroisme dans le cinéma français.

Pour être en franc, l’idée de cet article m’est venue à la vision d’une vidéo de la chaîne « Contre-histoire du cinéma » qui traitait de la fin de l’héroisme dans le cinéma français. Fin qui commençait avec « Paris brûle-t-il? », évocation de la libération de la capitale (Paris reste une ville à libérer. Sauf qu’il ne s’agit plus de l’oppression nazie mais de Anne ‘Notre drame de Paris » Hidalgo) animée par la crème des acteurs d’alors: Yves Montand, Pierre Vaneck, Simone Signoret, et surtout Belmondo et Delon. Les deux derniers héros tricolores.

C’était de circonstance, le film de René Clément étant un monument au courage des parisiens dans les derniers moments de la guerre. Certes, il y a loin entre ce qui est montré à l’écran et la réalité historique souvent plus complexe. Toutefois, ceci est un autre débat. Il ne s’agit pas ici d’exposer fidèlement des faits, ce qui relève du travail de l’historien, mais de faire rêver et, éventuellement, de proposer des modèles que nous n’atteindrons sans doute jamais mais qui nous encourage à tendre vers le meilleur.

Parmi ces valeurs, il y en a une déjà citée: le courage. « Paris brûle-t-il? » en donne une image fantasmée mais c’était indispensable cette épopée fut unique en son genre au milieu de la kyrielle de films américains sortis à la même époque, c’est à dire les années 60. Et le demeura. Ou presque. Au cours de la décennie suivante, il y eut deux ovnis abordant le sujet des résistances sous l’occupation. Oui, j’emploie le pluriel à dessein. Car il y en eut parfois en marge des réseaux, souvent en rapport avec ces derniers mais limitées. C’est ce dont traite le film de Jean-Max Causse « Le franc-tireur » (1972). Mais avant d’aller plus loin, il convient de dire que celui-ci fut victime d’une incroyable malchance en ne bénéficiant d’une sortie que…trente ans après sa réalisation. Et ce suite à des problèmes de droits. Quoiqu’il en soit, le film de Causse est une sorte d’anti »Lacombe Lucien » de deux ans son cadet. Là ou Louis Malle décrivait dans son drame la dérive d’un jeune paysan sombrant dans la collaboration, Causse lui narre le parcours d’un homme qui rejoint un groupe hétéroclite composé de fuyards comme lui et de maquisards devant l’approche d’allemands enragés par la perspective de leur défaite prochaine. Cette décision est motivée par l’instinct de survie, le personnage en question s’est en effet bien gardé d’agir pendant l’occupation. Ce n’est que contraint par le danger qu’il va cesser d’être spectateur pour devenir acteur et s’opposer à l’occupant lequel, en dépit ou à cause de sa fin imminente, demeure dangereux. Ce cas de figure renvoie à certains romans de André Héléna ou des personnages s’engagent presque par hasard (Dans le diptyque composé par « Les salauds ont la vie dure » et « Le festival des macchabées ») ou par égoisme (Dans « Le goût du sang ») Ici le héros évolue vers une forme de courage, en fait le seul vrai courage, qui n’est pas l’absence de la peur mais la domination de celle-ci. Ce film ô combien malchanceux mérite une vision en cela qu’il échappe au travers trop fréquent dans le cinéma français des années 70 consistant à ne montrer les français occupés que comme des pleutres ou des collabos à peine rachetés par quelques résistants (Souvent communistes- quel hasard!- comme dans « Section spéciale » de Costa Gavras) « Le franc-tireur » se situe loin de cette image dégradée tout autant que de la noirceur de Melville dans le pourtant excellent « L’armée des ombres ».

A suivre!


Laisser un commentaire