Aujourd’hui: Les cocos à Moscou?
Deuxième chapitre: « Une femme en péril » de Peter Yates (« The house on Carroll Street » Etats-unis, 1988)
New York, début des années 50, Emily, journaliste, perd son emploi pour avoir refusé de donner des noms à la commission d’enquête sur les activités anti-américaines (HUAC). Contrainte de devenir lectrice chez une dame âgée, elle se rend compte que la maison de cette dernière (La maison sur Carroll Street du titre original) sert de relais à des inconnus aux motivations forcément obscures. Inquiétée par ces intrusions, Emily prévient Cochran, l’agent du FBI chargé de la surveiller. D’abord incrédule, le policier accepte de la suivre. Le duo va alors être amené à découvrir une sombre vérité…
Accueilli à l’époque avec indifférence « Une femme en péril » ne manquait pourtant pas d’attraits. Script bien mené, excellents acteurs, mise en scène élégante et reconstitution soignée. Et surtout, un thème qui demeurait prisé par les amateurs de polars: Le Maccarthysme, traité par ailleurs en littérature par James Ellroy dans « Le grand nulle part » publié un an après la sortie du film de Peter Yates. Il est vrai que si ce sujet a beau appartenir aux « marronniers » du cinéma américain – Il y eut nettement plus tard « Good night and good luck » de George Clooney, il faut croire que cela devait fatiguer. Quoiqu’il en soit, tout en n’étant pas un chef d’oeuvre « Une femme en péril » a pour mérite de lever le voile sur un aspect mal connu de cette période ou l’anticommunisme avait été en quelque sorte étatisé par le gouvernement américain: à savoir les relents fascistes des commissions d’enquête et en parallèle le sauvetage de nazis survivants. C’est un point intéressant en cela qu’avant le fièvre anti-rouge qui s’empara des Etats-unis, c’était le Nazisme qui effrayait le plus le public américain. « Une femme en péril » fait une sorte de synthèse entre la réalité d’une psychose d’état et l’exagération quant au blanchiment de criminels de guerre et le lien éventuel (Et ce bien que cela ne soit pas exprimé clairement ici) entre ces deux situations.
Et c’est là qu’il faut en venir au défaut principal du film: une approche trop superficielle de son sujet. De ce fait, « Une femme en péril » n’est qu’un bon film là ou il aurait pu être excellent. Avec un peu d’application. Un tel manquement déçoit un peu de la part de Peter Yates à la source de « Bullit » ou de « L’oeil du témoin ». Reste un film très agréable et qui mérite en dépit de ses faiblesses une redécouverte.








En guise de conclusion: deux films traitant de la même période sous des angles totalement différents, mais qui font chacun ressortir les contradictions douloureuses d’une époque qui sortait de l’horreur de la guerre et en subissait les répliques, entre réminiscences du Nazisme et oppression bolchevique déguisée en sauveteur de l’humanité.
