Aujourd’hui: « Scandal » de Michael Caton-Jones (Royaume uni, 1989)
Angleterre, fin des années 50. Christine Keeler, danseuse de cabaret devient prostituée de luxe suite à sa rencontre avec Stephen Ward, dentiste aux ambitions artistiques. Parmi ses clients il y a le ministre des affaires étrangères d’Angleterre, John Profumo. Peu à peu, d’orgies en violentes amours, ce petit monde va se trouver au centre d’un scandale mêlant moeurs et secrets d’état ou l’Union soviétique sera de la fête.







Il faut croire que le milieu du XXème siècle inspirait les cinéastes tout au long des années 80 et un peu partout dans le monde. Les britanniques ne furent pas en reste avec « Un crime pour une passion » ‘Too much » ou encore « Prick up your ears » qui ont tous en commun d’aborder cette période par le trou de la serrure, autrement dit les moeurs.
C’est le cas du film de Michael Caton-Jones, lequel déterrait une affaire qui faisait partie du folklore et des souvenirs douloureux des britanniques. Sexe, corruption et politique, Christine Keeler simple fille du Middlesex (Pas de mauvais jeu de mots, SVP!) tient sa place entre Oscar Wilde et Janie Jones. A travers l’ascension et la chute de cette petite provinciale qui ne pouvait donner au monde que ce qu’elle avait, Caton-Jones brosse le portrait d’une époque qui combinait le puritanisme, l’hypocrisie et la Guerre froide. Sans compter, les problèmes naissants liés à l’immigration et aux stupéfiants. Outre cette évocation, le film est une étude de caractère d’un genre particulier en cela qu’elle s’attache à des individus à priori ordinaires au destin bouleversé et parfois détruit par des circonstances qui les dépassent.




Et en fait devant une épreuve qui implique à la fois la morale sexuelle et des intérêts qui sont non seulement nationaux mais aussi mondiaux, peu résistent. La première des victimes est d’abord Christine Keeler qui finira dans la misère, Profumo ensuite qui vivra une déchéance en survivant comme balayeur dans un hospice (Il se rattrapera cependant en devenant le directeur de cette institution. Faut-il y voie une rédemption?) Mandy Rice Davis est la seule à s’en sortir en se trouvant un destin à l’étranger. Enfin, il reste Ward, qui paiera de sa vie d’avoir été l’instigateur malgré lui de l’affaire. Il est du reste le personnage le plus intéressant, dentiste, proxénète, artiste peintre. Personnage douteux, petit bourgeois ambitieux souffrant du complexe de la classe moyenne si répandu en Angleterre? Qui était-il vraiment? Si le film ne répond pas à la question, John Hurt campe magnifiquement cet homme ambigu à la fois manipulateur et attachant.
Il n’y a rien à ajouter sinon signaler la photographie aux tons chauds qui convient parfaitement à ce film ou le tragique n’exclut pas la sensualité, présente dès les premières images qui montrent John Hurt avisant les passantes, dont une fort jolie cycliste. Il serait puni pour cet acte bien innocent, que beaucoup se plaisent à humilier, comme si le désir était sale!

