Alexandre Léger auteur rétro

Tout l’univers- Cinéma- Edition spéciale.

Aujourd’hui: Edition spéciale cinéma britannique.

« La vie de Brian » de Terry Jones (Life of Brian; Royaume uni, 1979)

Né dans l’étable voisine de celle de la naissance du Christ, Brian est pris à l’âge adulte pour le Messie contre son gré. Cependant, il finit par accepter son destin jusqu’à finir crucifié…

Voila un ressort bien connu: c’est pas moi, c’est l’autre. Mais je dois devenir l’autre. L’individu plus ou moins contraint de se glisser dans la peau d’un autre qui endosse d’abord ce rôle avec réticence ou maladresse avant de l’assumer est le ressort de nombreux récits, romans ou films. Cela va du très sérieux comme « Le général della Rovere » de Vittorio de Sica ou « Kagemusha » de Akira Kurosawa au comique. Comme « La vie de Brian » guignolade fort drôle du célèbre collectif humoristique anglais: les Monty Python.

Donc, le film réalisé par Terry Jones repose sur un ressort classique avec tout les quiproquos que cela induit mais avec quelque chose en plus. Pas seulement l’humour, une profondeur dont seuls les grands humoristes sont capables. Car au-delà de l’histoire de ce malheureux confondu avec le Messie, il y a d’autres enjeux que peu ont vu et qui n’ont rien à voir avec une quelconque satire religieuse. Il y a un aspect politique incarné par les hébreux indépendantistes qui se réjouissent de la crucifixion de Brian, laquelle leur offre le martyr indispensable à leur cause. Il faut ajouter que, prévoyants, les chefs de ce conseil songent déjà à garder les apports de romains après le départ de ceux-ci. Dont la viticulture. Pas fous les gars.

Cela n’est pas sans rappeler l’attitude de certains de nos anciens colonisés.

Le film se montre même précurseur, prédisant les délires genrés de notre temps lors de la scène ou un hébreux incarné par Eric Idle déclare qu’il est une femme et demande à ses pairs de l’appeler Johanna.

Pour ce qui est de l’éventuelle dimension spirituelle du film, il est bien difficile de se montrer affirmatif. Mais à bien juger, il n’y a pas de blasphème ici. Soit, le film suscita un léger scandale, notamment à cause de sa proximité avec le « Jésus de Nazareth » de Franco Zeffirelli qui ne le précédait que de deux ans. Mais en fait, si satire il y a, elle porte davantage sur les épopées bibliques. Du reste, Terry Gilliam enterra pour de bon cette accusation en révélant lors d’un entretien donné beaucoup plus tard que, comme pour la légende Arthurienne, jamais lui et ses collègues des Monty Python ne se seraient permis de s’attaquer à la Bible s’ils n’avaient eu d’intérêt et de respect pour le sujet. D’ailleurs, les thèmes de la résurrection, de la quête et de la rédemption sont fréquents dans l’oeuvre du cinéaste, par ailleurs seul américain du groupe.

Pour l’anecdote, le film put être terminé grâce à l’ancien Beatle George Harrison qui accepta d’apporter les fonds nécessaires à l’entreprise à la demande de Eric Idle -je crois- qui le remercia par un: « George, tu achètes le ticket de cinéma le plus cher du monde! » Cet heureux incident fut à l’origine de la création de la société de production Handmade films qui sauva le cinéma anglais dans les années 80 en permettant la réalisation de futurs classiques tel « Du sang sur la Tamise », « Too much » ou encore « Mona Lisa » (Récemment chroniqué dans ces colonnes)

Pour l’anecdote encore, signalons le lieu du tournage, la Tunisie alors fort à la mode puisque s’y déroulèrent ceux de « La guerre des étoiles » ainsi que celui de… »L’avare » de Louis de Funès!

En guise de conclusion de ce mini-dossier, voici deux films bien différents, avec leur originalité, leur insolence, parfois leurs défauts mais qui témoignaient de la vivacité du cinéma insulaire.

A bientôt!


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