Alexandre Léger auteur rétro

Tout l’univers- Le cinéma britannique

Aujourd’hui: « Mona Lisa » de Neil Jordan (Royaume uni, 1986)

George (Bob Hoskins), truand de basse envergure, trouve après sa sortie de prison un emploi de chauffeur pour une certaine Simone (Cathy Tyson) prostituée de luxe de son état? D’abord orageux, leurs rapports dérivent vers la complicité puis une relation amoureuse. Les choses se gâtent quand Simone veut retrouver une collègue…

Il faudrait remercier l’ancien Beatle George Harrison pour avoir sauvé le cinéma anglais dans les années 80. Sans lui, des perles comme « Mona Lisa » n’auraient sans doute pas vu le jour. Film noir, étude de caractère et de société, Neil Jordan, son réalisateur, joue sur plusieurs tableaux et…gagne. Familier des changements de genre (Fantastique, thriller, drame) Jordan n’a pas de mal à jongler avec les mélanges et les ruptures de ton et sait planter sans tarder son décor et les enjeux de son récit.

A ce propos, les premières images annoncent la couleur, passant du clair obscur à la grisaille d’un quartier ou pullulent sex-shops et bars à hôtesses. Là émerge George, truand à la petite semaine à l’allure insignifiante qui va se révéler, aussi étonnant qu’il paraisse, un coeur pur. Ce qui ne lui porte pas chance, car ses bons sentiments et son courage ne l’amènent qu’à se laisser manipuler par la belle hétaire tarifée. Il y a chez George du Pierre Mondy du « Téléphone rose » – autre histoire d’homme d’âge mûr piégé par une prostituée- et du Robert de Niro de « Il était une fois en Amérique », autre truand déchu faute d’avoir compris que les temps avaient changé. En effet, il y a du romantisme et de l’esprit chevaleresque chez George (Le saint patron de l’Angleterre, il est bon ici de la rappeler), bandit de la vieille école croyant encore un peu à l’honneur (Mais ces hommes ont-ils jamais existé?) et ne récolte en échange que des bleus à l’âme supplémentaires. A ce titre, la scène ou les masques tombent est déchirante avec une pointe de dérision via les lunettes de carnaval ridicule que portent George et Simone, dissimulant les protagonistes alors que la vérité éclate. Bob Hoskins livre ici une des prestations les plus émouvantes de sa carrière proche de cet autre excellent polar ou il tenait le rôle d’un chef de gang aux abois: « Racket/The long good friday » de John McKenzie. Hoskins sait fort bien jouer les hommes au destin tragique (Il joua également Mussolini au moment de sa chute) et choisir des rôles – et des films intéressants. Il faut signaler par ailleurs les performances de Cathy Tyson et de Michael Caine en maquereau faussement suave et vraiment visqueux. Il y enfin l’utilisation de la chanson de Nat King Cole qui donne son titre au métrage « Mona Lisa » référence au mythique tableau de Léonard de Vinci et à son mystère qui renvoie à l’énigmatique et traîtresse Simone.

Un excellent film à (re)découvrir!


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